Résidu de gueulantes

Résidu de gueulantes est un projet d’écriture autour d’une soixantaine de slogans militants, glanés durant un an en périphérie lilloise. M’intéressant aux codes de langages, j’ai repéré quelques traits caractéristiques de cette forme d’écriture, urbaine et éphémère. Le mode impératif y est souvent présent. Certains mots-clés se répètent comme un écho dispersé dans la ville. Mis bout à bout ces courts textes donnaient l’impression d’une révolution prochaine, imminente. Je m’amusais du contraste entre le caractère incisif des mots et leur fragilité apparente au sein de l’espace public. Malmenés par les aléas du dehors (usures, intempéries, dégradations volontaires) ces slogans s’invisibilisaient rapidement. C’étaient des cris étouffés par la pluie, des gueulantes moisissant sur place, des indignations transparentes.

J’ai assemblé ces slogans par un jeu de découpage/collage, ne composant qu’avec les mots trouvés dehors et leurs potentiels homophones. La scansion des slogans imposait un rythme faisant rapidement basculer mon texte en une pièce sonore. J’ai joué avec les répétitions, les allitérations, les glissements pour jouer et augmenter la musicalité. Quelque chose d’abrupte, de violent, d'obsessionnel.

© Amine Haddadi

Sur les images, performant pour Résidu de gueulantes à l'exposition Qu'à cela ne tienne du collectif A3, Volume Ouvert le 10.02.23, dans ce sens :

• Selima Attalah,

• Robin Poupon,

• Agathe Forel